Naima El Bezaz …. Suicide d’une écrivaine audacieuse

Les artistes marovains des Pays-Bas viennent de perdre dans des conditions tragiques l’une des leurs, qui a su démontrer par ses écrits toute son influence. Connue pour ses positions féministes, ses écrits audacieux sur la religion et son franc parler, l’écrivaine néerlandaise d’origine marocaine Naima El Bezaz, 46 ans, s’est donné la mort le 7 Août 2020. Elle s’est défenestrée depuis l’appartement où vivent ses parents, au sixième étage d’un immeuble de la petite ville hollandaise d’Alphen-sur-le-Ragin, située entre les villes de leyde et d’Utrecht. Sa mort a provoqué un choc dans l’univers de la littérature et des défenseurs de la liberté d’expression.
Au lendemain de sa mort, sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes ont expliqué son geste définitif par la longue dépression dont elle souffrait depuis des années. Une maladie qui aurait été causée par les harcèlements dont elle a fait les frais, à cause de ses écrits, de la part d’extrémistes issus de sa communauté.
Le journaliste néerlandais Mohammed Bouzia le confirme « ses écrits audacieux sur le sexe et la religion en Hollande étaient très mal vus par certains membres de sa communauté, et elle a, à plusieurs reprises, reçu des menaces de mort. Naima était malmenée et incomprise ».
L’écrivaine Naima El Bezaz est née en 1974 à Meknès au Maroc, et a vécu depuis l’âge de 4 ans aux Pays-Bas. A 18 ans, la jeune Naima participe à un concours de poèmes et le remporte.
En 1995, elle entame sa carrière d’écrivaine et publie son premier livre « De weg naar het noorden », grâce auquel elle emporte le premier titre du prix Jenny Smelik-IBBY, son livre est classé dans le top 10 des livres les plus achetés au Pays-Bas.
En 2006, elle sort son livre « De verstotene », où elle incarne le personnage de Mina, une jeune fille avec une double culture, occidentale et orientale, qui peine à s’intégrer dans la société.
« J’ai choisi exprès une fille ayant deux cultures. C’est une métaphore de la société occidentale actuelle. Il s’agit ici d’un déracinement de la culture marocaine. Elle peut s’intégrer autant qu’elle veut à la société, les autres la verront toujours différente. Ton ADN détrangère restera toujours en toi, et les autres le remarquent via ta façon de parler, de réfléchir et de penser », a-t-elle expliqué.
L’écrivaine enchaîne avec ses ouvrages, traitant différents sujets tels la condition féminine, la sexualité, l’immigration, l’identité, la religion et la dépression. Naima El Bezaz se fait beaucoup critiquer par la diaspora marocaine au Pays-Bas, et reçoit même des menaces de mort et se fait insulter et agresser dans la rue.
Son dernier ouvrage, « Au service du diable », est apparu en 2013, l’écrivaine plonge dans une grave dépression et se fait interner dans un hôpital psychiatrique.
En mois de juillet dernier, Naima a fait son retour sur les réseaux sociaux, et à peine un mois après, l’écrivain marocain Abdelkader Benali a fait l’annonce de son suicide su son Twitter.
Sonia .Ha .